Le célèbre écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop – lauréat du prix littéraire d’Afrique Noire et du prix Neustadt (2022) – nous a fait l’honneur de sa présence au sein de l’Efid du 5 au 8 février.
C’est peu dire que d’affirmer que ses nombreuses interventions auront soufflé un vent de culture vivifiant chez nos élèves. En quelques jours, M. Diop a ainsi rencontré et échangé avec une douzaine de classes : toutes les classes de 3ème, de 2nd, de 1ère et deux groupes de Tale (LLCE et HGGSP). Près de 200 de nos élèves ont donc eu la chance d’écouter et d’échanger avec l’auteur, l’interrogeant sur son activité de romancier, ses sources d’inspiration, son parcours aussi riche qu’inspirant.
Une séquence particulière mérite d’être évoquée ici : celle de la rencontre de M. Diop avec la classe de 2nd B dont les élèves avaient lu et étudié son roman Murambi, le livre des ossements en français, avec M. Soliman. Les élèves, qui avaient adoré ce roman ayant pour toile de fond le génocide rwandais et en connaissaient les moindres personnages, avait hâte de pouvoir questionner l’auteur : « Comment l’idée de ce roman est-elle née ? D’où viennent les personnages ? Leurs noms ? Avez-vous rencontré des rescapés ? Des Génocidaires ? Pourquoi une structure narrative aussi complexe et éclatée ? Qu’avez-vous appris sur vous-même au cours de l’écriture de cet ouvrage ? Sort-on indemne d’une telle expérience humaine et littéraire ? » L’échange, qui dut se contenter de deux petites heures (trop courtes !), a été d’une intensité rare et d’une richesse extraordinaire. Les yeux étaient remplis d’étoiles. Le groupe – les élèves et l’enseignant – ont ainsi découvert des éléments puissants leur permettant de décoder encore davantage ce roman qui les a tant marqués.
Enfin, durant cette semaine, Boubacar Boris Diop nous a également offert une conférence passionnante intitulée « La littérature africaine existe-t-elle ? ». Là encore, ce fut un plaisir immense d’écouter l’un des plus grands intellectuels africains nous raconter l’évolution et la construction intranquille de la littérature africaine à travers ses étapes historiques, ses différents auteurs, ses différents choix esthétiques ou thématiques. La question de la langue fut particulièrement intéressante en deuxième partie, partant de ce constat saisissant : la littérature africaine est la seule qui n’est pas écrite dans les langues de ses peuples, et qui donc ne s’adresse pas à eux. Mais à ce constat, nous dit M. Diop, répond une nouvelle dynamique à laquelle il participe lui-même aujourd’hui : celle d’une littérature en langues africaines. M. Diop publie désormais des romans en Wolof – sa langue natale – et de nombreux auteurs africains suivent ce pas. L’échange qui suivit avec le public fut lui aussi riche et passionnant.
Un grand merci à Boubacar Boris Diop de nous avoir visités et passionnés !